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Passez votre souris sur la valise de Gabrielle pour découvrir ses seuls effets personnels.
Livre
Coffre
Coffre contenant épingles à cheveux, quelques rubans, timbres, photo de Gabrielle et Loulou, images et médailles saintes.
Porte-monnaie
Brosse à cheveux
Peigne
Bas de laine
Boite de poudre
Mouchoirs brodés et châle de laine dessous.
Foulard et fichu pour la tête
Papier à lettres, enveloppe et crayon pour correspondre
Camphre
Crème pour le visage
Jupon
Jaquette de nuit
Vêtements, un chemisier, une jupe, une robe et une veste de laine.
Lettre adressée à Loulou
Billet de train pour Montréal
Disque 45 tours
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Presbytère
Sacré-Coeur-de-Marie
TadoussacRévérende Mère Directrice
La Rédemption, MontréalMa Révérende soeur,
Monsieur René Hébert est censé aller conduire sa fille à votre maison, sur mon conseil. C’est toujours la même histoire…
Je vous prierais de l’accepter aux conditions ordinaires de pauvres, car les parents ne sont pas riches et la fille est une sans-coeur. Qu’elle gagne sa pension, l’hospitalisation et le soin de son bébé, le temps que ça prendra et le plus long possible : Je crois qu’il faut user de fermeté : c’est le seul moyen d’atteindre son coeur.
La maman est une bonne personne, peut-être a-t-elle été trop bonne quand sa fille était plus jeune? Mais ils ont fait leur possible. Il s’agit de les aider et je les recommande à votre charité.
Bien vôtre en Notre Seigneur,
Sacré-Coeur, 24 mai 1954
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le 31 mai 1954
Bonne Mère,
Je vous écrit (sic) pour vous dire que ma fille partira de Jonquière en train, vendredi le 4 Juin. Elle sera donc chez vous Samedi matin.
Elle n’a aucune maladie contagieuse. Voulant garder la chose secrète, je vous demande, pour l’amour de Dieu, de nous écrire sans mettre la provenance sur l’enveloppe.
Je comprend (sic) qu’après sa délivrance, elle devra travailler à la crèche pour rembourser sa dette. J’implore donc votre charité bien connue de la garder le plus longtemps possible, compte tenu des circonstances.
Votre très reconnaissant,
René Hébert
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Ma chère Gabrielle,
Il ne se passe pas un jour sans que je prie pour que tout aille bien pour toi. J’ai encore de la misère à croire tout ce qui est arrivé et à réaliser que tu n’es plus ici.
Lorsque je t’ai vu partir avec ton père, c’est comme si on t’arrachait de moi pour toujours. J’aurais voulu te cacher dans mes bras comme lorsque tu étais petite. Si tu savais combien j’ai de la peine, mais ma colère est trop grande.
Je me force pour que tes frères et sœurs pâtissent le moins possible du drame qui nous frappe. Ton père ne me regarde même plus, c’est comme si c’était moi qui l’avais trahi. Comme si ce n’était pas de la faute d’Étienne aussi.
Toi, ma belle petite fille, la plus vaillante de la maison qui a toujours eu la réplique facile, le dernier mot sur tout, je ne comprends pas comment tu as pu faire ça. Je m’en veux aussi de ne pas avoir vu que tu changeais, que tu grandissais. Ma pauvre enfant, que Dieu ait pitié de toi!
Hier, je suis allée à confesse, ça m’a fait du bien. Le curé m’a dit que ton père et moi, nous avions pris la bonne décision en t’envoyant chez les Sœurs de La Rédemption.
Gabrielle, il faut que tu reprennes tes esprits, que tu fasses ce qu’il faut pour garder le secret.
On ne parle pas juste de ton déshonneur, mais aussi de celui de toute la famille, celui de Loulou et tes autres petites sœurs. Elles ne sont coupables de rien, elles.Je prie tous les jours pour que la Vierge nous vienne en aide.
Maman
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Hôpital de la Rédemption
Montréal
JE SOUSIGNE, donné à l’Hôpital de la
Rédemption, mon enfantMasculin
(sexe)Né le 11 septembre 1954
Et renonce à tous les droits sur le dit enfant, pour
Le présent et l’avenir.En foi de quoi j’ai signé
ce 20ième jour de
Septembre 1954Gabrielle Hébert
(mère naturelle de l’enfant)TÉMOINS : Sœur Marie de la Sainte Trinité
Signature illisible